Le 1er mars 2006, la Maison de la Ville de Saint-Etienne à Katowice inaugurait les journées de la Francophonie en Silésie en accueillant dans ses murs la conférence-débat « Polak-Francuz, dwa bratanki », une rencontre sur le thème des relations professionnelles franco-polonaises.
Auteur d’un rapport sur le sujet, Monsieur Kurtyka a commencé par introduire la discussion en rappelant les liens indéniables qui unissent la France et la Pologne : liens politico-historiques, mais aussi affectifs, ce qui fait la force même de ces liens. Pourquoi alors cette impression récurrente depuis l’entrée de la Pologne dans l’Union européenne le 1er mai 2004 que nous ne sommes plus sur la même longueur d’onde ? Si la lune de miel est terminée, il serait cependant exagéré de parler du divorce franco-polonais. Il s’agit bien plutôt de la découverte mutuelle de nos différences culturelles, après des années d’idéalisation de part et d’autre. L’élargissement, en intensifiant les occasions de confrontations directes, a ainsi démythifié nos perceptions réciproques : non, les Français ne sont pas les poètes que l’on croyait, déclamant Baudelaire en sirotant un café serré… Non, on ne trouve pas d’ours en Pologne…. Les mythes tendent donc à se défaire, laissant apparaître, souvent brutalement, le vrai visage de nos voisins.
A l’heure du développement des relations économiques entre les deux pays, cette réalité est particulièrement perceptible dans le monde de l’entreprise : en travaillant ensemble, Polonais et Français découvrent ainsi des divergences de formes comme le profil d’une journée de travail type, mais aussi des divergences de fonds (manière de résoudre les problèmes, différences conceptuelles majeures), qui peuvent là donner lieu à de sérieuses incompréhensions. L’altérité, telle qu’elle se révèle, sans fard et sans maquillage, ne doit cependant pas vue comme un obstacle insurmontable ou la fin d’une amitié pluri-séculaire. Elle constitue bien au contraire une chance extraordinaire pour peu qu’on se donne les moyens et le temps d’essayer de comprendre l’Autre, et nous met face à nous-mêmes en nous donnant à voir, via l’opposition, ce que nous sommes nous-mêmes.
C’est certainement là l’enseignement essentiel de Monsieur Kurtyka, et un enseignement qui, dépassant le cadre stricto sensu des relations professionnelles franco-polonaises, a au contraire une dimension universaliste. Les participants à la conférence, pour la plupart des étudiants (Ecole Internationale de Sciences Politiques de Katowice, Ecole de Commerce ou encore Forum des Jeunes Diplomates), l’ont bien compris à en juger le débat qui a fait suite à la présentation du rapport, tandis que des chefs d’entreprise français établis en Silésie essayaient de faire partager leur expérience concrète.
Première des manifestations de la Francophonie 2006, cette rencontre a sans nul doute été un franc succès avec une cinquantaine de participants, ce qui laisse bien augurer des événements à venir !